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Entre rêve et polémique: au coeur du projet Qatar 2022




Le mercredi 23 février 2021, le média britannique The Guardian a annoncé que plus de 6500 travailleurs auraient perdu la vie sur les chantiers de construction des stades au Qatar, en vue de la réception de la Coupe du monde 2022. Bien que cette compétition provoque souvent un grand enthousiasme chez les supporters, il convient tout de même de ne pas oublier que le projet Qatar 2022 est au cœur de nombreuses polémiques. 10 ans de grands travaux se sont écoulés. Il s’agira ici de faire un rappel des faits 1 an avant le début de l’événement qui se déroulera exceptionnellement du 21 novembre au 18 décembre 2022.


Le 2 décembre 2010, le Qatar est désigné pays organisateur de la 22ème édition de la Coupe du Monde de Football, devant les États-Unis, la Corée du Sud, l’Australie et le Japon. C’est une première pour un pays du Moyen-Orient. Le pays a été choisi pour sa capacité à accueillir un tel événement, mais aussi pour la puissance qu’il représente à l’échelle mondiale. C’est en effet un grand état pétrolier, le 1erexportateur mondial de gaz naturel liquéfié, et il est au centre du marché télévisuel, estimé à plus de 3,2 milliards de téléspectateurs. Le Qatar dispose également de grands moyens : c’est un budget de 187 milliards d’euros qui a été engagé pour les différents travaux nécessaires à l’organisation de ce Mondial : le coût de la compétition a été multiplié par 250 depuis 1998. Cette somme astronomique dépasse même le PIB du Qatar s’élevant actuellement à plus de 175 milliards d’euros. 468 millions d'euros sont utilisés par semaine. Mohamed Jaham Al Kuwari, ambassadeur du Qatar en France a résumé les objectifs du Qatar : « Le Mondial 2022 offre l'opportunité au Qatar de renforcer sa politique d'ouverture, de dialogue et de tolérance. Il est aussi, pour le Moyen-Orient, une chance supplémentaire pour la paix et la stabilité.”



Le projet consiste en la rénovation d’un ancien stade et la construction de 7 nouveaux :


Al-Rayyan Stadium: 40 000 places

Al-Thumama Stadium: 40 000 places

Khalifa International Stadium: 40 000 places

Education City Stadium: 40 000 places

Ras Abu Aboud Stadium: 40 000 places

Al-Janoub Stadium: 40 700 places

Al-Bayt Stadium: 60 000 places

Lusail Iconic Stadium: 86,250 places


Un investissement s’élevant entre 8 et 10 milliards d’euros pour la conception de ces enceintes a été évoqué par le secrétaire général du comité suprême d’organisation du Mondial. De plus, les qataris ont prévu de climatiser les stades à l’aide de dispositif de refroidissement. Le Qatar veut s’inspirer de l’architecture locale dans la construction des stades pour transmettre une belle image du pays et mettre en avant leur patrimoine.

Dans cette perspective, le Al-Rayyan Stadium qui disposera de 40 000 places au total sera un stade très intéressant proposé par les qataris.

La construction de ce stade vise à faire référence à l’héritage sportif qatarie. Sur la façade, les spectateurs pourront observer les nombreux motifs reflétant la culture du Qatar. Pour la conception de cette enceinte, 90% des matériaux de l’ancien stade qui se trouvait dans la ville seront réutilisés pour respecter une logique de développement durable. Les 10% restants serviront aux artistes locaux pour réaliser des œuvres d’arts représentant une fois de plus l’histoire du Qatar, et en particulier celle d’Al-Rayyan.

Le Lusail Iconic Stadium accueillera la finale de la Coupe du monde 2022.


Concernant les autres infrastructures prévues, des milliards d’euros ont été investis dans la construction d’infrastructures de transports et de bâtiments destinés à l’hébergement des touristes. Il est en effet prévu d’édifier 25 nouveaux hôtels afin accueillir les 3,7 millions de touristes attendus pour l’hiver 2022, soit 1 million de personnes de plus que la population totale du pays. 70 000 chambres seront à leur disponibilité, des hôtels sur l’eau ont d’ailleurs été imaginés.

Pour établir une comparaison avec le projet russe, le pays organisateur de la Coupe du monde 2018 avait investi 2,3 milliards pour construire 10 nouveaux stades et en rénover 2 autres. Ce budget est donc nettement inférieur à celui engagé par le Qatar.


L’évènement se déroulera du 21 novembre au 18 décembre 2022. C’est une période peu commune pour une compétition comme celle-ci. Le Qatar connaît en effet de hautes températures toute l’année, pouvant grimper jusqu’à 42 degrés en été. Les conditions climatiques ne permettent donc pas le bon déroulement d’un match à cette période, comme l’a d’ailleurs confirmé Gianni Infantino, le président de la FIFA : « Les championnats ont déjà été informés de cette décision, qui est une bonne décision parce qu'on ne peut pas jouer au football en juin et juillet au Qatar », a-t-il déclaré.


Ainsi, le projet proposé par le Qatar en vue de la réception du Mondial 2022 est très onéreux. Au-delà de l’aspect budgétaire, nous pouvons espérer une grande et belle Coupe du monde.


Néanmoins, entre polémiques, corruptions et traitement irrespectueux des ouvriers, le projet Qatar 2022 a des faces sombres.


Les qataris ont rapidement été accusés de corruption. Selon le Daily Mail, le Qatar aurait engagé sous diverses formes la somme de 24 milliards d’euros pour s’assurer du vote favorable des participants au grand vote qui désigne le pays organisateur de l'événement. Ces accusations ont récemment été démenties par les qataris, même si elles laissent planer le doute sur la légitimité du Qatar à recevoir la Coupe du monde 2022. Il y a en effet plusieurs rumeurs sur une possible corruption au sein de la FIFA. Les enquêtes ont montré que 19 millions d’euros ont été versés sur le compte de l’ancien patron du football brésilien, Ricardo Teixeira. Cet argent aurait ensuite été partagé avec d’autre membre de la FIFA, via une filiale du Crédit Mutuel (qui ne l’est plus depuis 2013). De plus, 2 millions d’euros auraient été versés sur le compte épargne de la fille d’un des dirigeants de cette même fédération. Même si les preuves sont aujourd’hui insuffisantes, ces accusations font tâche sur le drapeau du Qatar.


Mais la majorité des polémiques porte sur le traitement des ouvriers. C’est d’ailleurs un sujet qui est revenu de manière insistante ces dernières années dans les études réalisées par les différents organismes de défense des droits de l’homme. En effet, le Qatar ne tient pas ses promesses en ce qui concerne le respect des travailleurs. Selon des observations très poussées d’Amnesty International, environ 600 000 hommes ne travailleraient pas dans de bonnes conditions. La plupart des morts seraient causées par une chute d’immeuble, une crise cardiaque ou un suicide. Des passeports sont volés et des salaires ne sont pas perçus. D’après le ministère du Travail du Qatar, en 2012, 1 entreprise sur 3 n’a prêté aucune attention aux normes de sécurité censées encadrer les ouvriers. De fait, les conditions de travail sont très compliquées, en particulier à cause des températures insoutenables sous lesquelles sont construites toutes les infrastructures visant à accueillir la Coupe du monde 2022. Pour survivre, les ouvriers doivent boire entre 3 et 5L d’eau par jour. Leur accès à la nourriture est très restreint car ils ne sont pas payés. Les pauses se font généralement aux heures les plus chaudes de la journée et une dizaine de travailleurs se partagent le même lit la nuit, dans une chambre où il n’y a ni fenêtre, ni climatisation. Les ouvriers peuvent travailler jusqu’à 14 heures par jour sans interruption. Enfin, selon une autre étude réalisée par Amnesty International, 25% des ouvriers d’une entreprise du Qatar ne voudraient pas se manifester vis-à-vis de ces conditions lamentables, par peur de représailles : les droits de l’homme sont bafoués.


Par conséquent, et nous l’avons vu récemment, des équipes nationales appellent au « boycott » de la Coupe du monde 2022. La Norvège, le Danemark, les Pays-Bas ou encore l’Allemagne, ont fait preuve de leur soutien aux ouvriers durant les phases de qualification au Mondial, portant sur leur maillot les mots « Humans Right » (Droit de l’homme, NDLR) pendant les hymnes, ou levant la main, signe de leur protestation. Cet appel semble néanmoins être trop tardif : selon le milieu de terrain allemand Joshua Kimmich : « nous avons dix ans de retard pour boycotter la Coupe du monde. Maintenant nous devons saisir cette opportunité pour sensibiliser les gens », a-t-il déclaré.


Ainsi, les polémiques liées au projet Qatar 2022 semblent aujourd’hui l’emporter sur le rêve. Si elles n’étaient que des hypothèses il y a 10 ans, la hausse des accusations portées à l’encontre des qataris pourraient avoir de lourdes conséquences pour le Mondial et pour le pays lui-même. Bien que le président de la Fédération Française de Football, Noël le Graët, ait déclaré que s’ils se qualifiaient, les Bleus partiront au Qatar l’année prochaine, d’autres nations pourraient refuser de participer à la compétition. Même si l’on voit mal la FIFA annuler cette 22ème édition de la Coupe du monde, le Qatar est en contradiction avec ses objectifs annoncés dans une dimension internationale, à savoir, promouvoir l’image d’un pays ambitieux, tolérant et respectueux des individus.

Nous vous posons maintenant la question : comptez-vous boycotter la Coupe du monde 2022 au Qatar ?








 
 
 

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